Il y a quelques semaines, nous sommes ''montés'' dans le Nord! Ça fait maintenant quelques escapades que nous faisons dans la brousse et commençons de moins en moins à ressembler à des montréalais qui s'aventurent au-delà de Varennes! Car c'est partout pareil, ce n'est qu'une minorité qui sort des limites de ce qu'on appelle les agglomérations urbaines...
Donc, on quitte Nouméa et, pour faire changement, décidons de passer par la ''vieille route''... Ça aussi c'est comme ailleurs; il y a toujours une vieille route. Par malheur (ou par chance), nous arrivons à Païta face à face avec l'arrivée de l'étape no.9 du tour cycliste de la Nouvelle-Calédonie. Nous fûmes le premier véhicule que les gendarmes immobilisèrent afin d'installer la ligne d'arrivée. Nous étions donc aux premières loges. C'est vraiment surprenant combien le spectre de performance peut être grand entre le premier et le dernier arrivés... 40 minutes plus tard, on nous laissait repartir! Après quelques km et la rencontre de quelques autres coureurs participant au tour sûrement par honneur (ça ne peut qu'être cela tellement ils étaient loin des gagnants), nous retrouvons la
RT1.
Grâce à ce petit délai, notre itinéraire flexible nous emmena à casser la croûte à un endroit qui nous apparaissait de prime abord peu chaleureux. C'est donc à Moindou que l'on dressa notre premier pique-nique et force est d'admettre qu'avec quelques coupes de rosé, le spot que nous dénichâmes (ouf!) fût génial.
L'étape suivante fût Koné, l'hôtel Koniambo. Un beau petit hôtel, assez neuf, assez propre et avec une belle piscine. D'ailleurs, nous avons demandé aux enfants ce qu'ils ont aimé le plus de leur voyage et la piscine de Koné était tête de liste...pouet pouet pouet pouuuettte! Par contre, pour Koné, disons que c'est à l'aube de son développement. Mon père aurait dit que c'est tellement tranquille que les chiens rongent le mastic sur les bords des châssis...
Le lendemain, direction Poingam avec halte à Koumac pour vivre sa
foire. Après un autre pique-nique qui aurait fait l'envie de Yogi l'ours, nous nous pointons vers le stationnement de la foire... Que se passe-t-il? Un barrage de contrôle par les gendarmes...
- Bonjour messieurs dames.
- Bonjour M. le gendarme...
- Avez-vous des boissons alcoolisées dans votre véhicule monsieur!
- Euh oui...!
Soudain ses yeux s'écarquillèrent puis il posa sa main sur son arme et...
- FREEZZZE!
- Quel est le problème monsieur?
- Il y a un
arrêté du Haussariat (
Haut-commissariat de la NC) interdisant la vente, la consommation et la possession de toutes boissons alcoolisées dans les limites de la ville de Koumac pour tout le week-end.
- Eh bien je rebrousse chemin et ni vu ni connu je file discrètement à Poingam poursuivre ce beau W-E...
- Vous n'avez pas compris monsieur, le simple fait d'en posséder est interdit. Théoriquement, je ne peux vous laisser partir sans vous avoir confisqué vos boissons.
- Chu ben épas de t'awoir dit que j'en ava!
- Pardon!
- Non, non, rien... Qu'est-ce que vous voulez faire, vous voyez bien que nous sommes inoffensifs avec nos trois mômes...
- Puis-je voir dans votre glacière?
- Ben oui...
Et c'est là que tout ce joue. Je n'ai pas spécifié quelle quantité j'avais en ma possession... J'ai deux glacières. La petite accessible sur le dessus qui contient 3 bières seulement et la grosse en dessous qui contient 3 autres bières et assez de vin pour saouler tout en régiment. J'ouvre la petite et lui montre les 3 pauvres minuscules bières entourées de victuailles dont il semblait déchirant de les séparer. Il ne me parle pas de l'autre glacière et moi j'oublie de le faire... Puis, dans un geste complètement inattendu par rapport au légendaire zèle des fonctionnaires français il me lance:
- Bon, vous pouvez avancer mais ce poison du diable ne doit pas voir la lumière du jour à Koumac. Je n'ai rien vu...
- C'est promis, merci M. le gendarme!
Ouf, on l'a échappé belle surtout que des collègues de travail à Sylvie lui ont raconté qu'ils n'avaient pas eu la même chance et qu'ils s'étaient faits confisquer leurs bières lors du même week=end. Leur soirée de camping fût moins drôle...
Bon maintenant Poingam. Avec les derniers 20 km de route qui ressemblaient à un chemin pour aller à la cabane à sucre, nous avons doutés. Heureusement qu'il y avait une ligne électrique aérienne qui nous indiquait que quelque chose quelque part était alimenté électriquement. Nous espérions juste que c'était bien notre gîte. Puis, Eurêka! La pancarte accueillante du gîte (voir photo plus bas) apparue.
Comme d'habitude, en arrivant je passe à la réception nous enregistrer pendant que Sylvie et les mioches m'attendent dans la caisse. À mon retour, Sylvie devient rapidement perplexe en voyant ma binette ricaneuse...
-Quoi, pourquoi tu ris?
- Rien, tu vas voir bientôt...
- Qu'est-ce qu'il y aaaa!
- Relax, y'a rien!
Effectivement, à première vue, il n'y avait pas de quoi se bidonner. La petite unité de séjour qu'on appelle ici bungalow est simple et chaleureuse. La salle de bain est attenante et en ouvrant la porte pour constater l'état des lieux, Sylvie comprend immédiatement l'expression narquoise qui émanait de mon visage quelques minutes auparavant. La salle de bain est originale, rustique mais probablement faite pour l'association des nains du pacifique sud! En effet, la hauteur des murs nous offre la possibilité de faire ressortir notre côté exhibitionniste refoulé en prenant une douche. Par contre, celui de Sylvie est enfoui tellement loin qu'elle a choisi de prendre sa douche dans l'obscurité la plus totale...
Ce petit détail plutôt anecdotique nous a davantage fait rigoler qu'autre chose. Nous avons passé du véritable bon temps là-bas, surtout lors du souper où nous nous avons fait la connaissance d'Angélique, Thierry, Daphnée et Sébastien, des Français super sympatiques à l'esprit aventureux un peu comme nous.
Le lendemain, après une promenade familiale sur la plage où nous sommes devenus potes malgré nous avec un gros chien noir, nous avons quitté le
Relais de Poingam en faisant un petit détour à Boat Pass, le point le plus septentrional de la
Grande Terre. Là, je me suis demandé si la terre était vraiment ronde car j'aurais accepté la théorie que nous étions au bout du monde... C'est cependant à 15 km plus au sud que le moment fort de notre voyage s'est manifesté. Une immense plage aménagée pour nous tout seul, wow! Je ne pense pas qu'il y ait des milliers d'endroits au monde où cela peut se produire. Peut-être la plage de lac Maskinongé à Saint-Gabriel-de-Brandon un 18 janvier mais le sable n'est pas aussi chaud et l'eau un peu dure... Par contre, la plage de Nénon-Hawawalic est magnifique. Un moment thérapeutique, une tranquillité apaisante, les garçons qui prennent une longue marche, Léna qui pique un petit somme et un petit rosé bien frais! Que du bonheur!
N'allez cependant pas croirer que la journée était complète. Après ce ressourcement, direction Ouaco (et non pas le tristement célèbre
Waco, Tx) au
Refuge du Cerf. Les hôtes Stephan et Chantal nous ont chaleureusement accueillis et très bien restaurés. Tout était bien mais ce qui distingue vraiment l'endroit, c'est la vue qu'on y trouve. Le domaine est sur le faîte d'une colline. On peut y apercevoir la mer, le lagon et les montagnes environnantes. De toute beauté!
Comme toute bonne chose a une fin, après un petit déjeuner sur la terrasse au soleil nous quittâmes notre repère final pour Nouméa. C'était supposé être notre dernière escapade dans le Nord avant notre retour définitif mais aujourd'hui, je ne parierais pas là-dessus... Comme des enfants Sylvie et moi se regardons et se disons: ''Une dernière fois!'