Eh bien oui, je ne sais par quelle force mystérieuse psychique mais une voix a réussi à convaincre Sylvie d'essayer le camping en famille...
Le scénario est excellent: lors d'une sortie en soirée avec des amis à Nouméa dans le confort d'un resto en plein air comme lors des deux ou trois soirées où c'est possible de le faire au Québec durant l'été, l'idée d'aller camper avec les copains est lancée et l'euphorie momentané des consommations qui ont précédées la discussion fait effet; oui, on est pas fait en chocolat, on en a vu d'autres, nous sommes prêts à aller faire du camping mais à la condition suffisante et nécessaire que ce sera que pour une nuit...
Le lendemain, le réveil est brutal pour Sylvie... Elle a l'impression de se réveiller aux côtés du fantôme de Gainsbourg et d'avoir permis une promiscuité justifiée seulement par l'inhibition du St-Émilion de la veille: nous partons en camping dans trois semaines!
De mon côté, je ne perds pas de temps à exploiter cette faille dans le système et m'empresse d'aller acheter une tente familiale dont je perdrai malencontreusement la facture au cas où il serait nécessaire de retourner la pièce d'équipement...
Par la suite, nous poursuivons sur notre lancée en empruntant le matériel de camping de Laeticia, une copine Brésilienne super gentille de Sylvie dont j'imagine avec joie arborer la coupe nationale du pays, puis coordonnons nos efforts avec nos soi-disant amis qui nous entrainent dans ce périple.
Le matin du départ, ce n'est pas la joie. Il pleut à Nouméa et, comme si j'étais responsable de ce qui se déroule, Sylvie me sermonne des conséquences sur notre union d'une future mauvaise expérience. Faut dire que j'essaie en douce depuis la veille, sous l'idée malsaine mais taquine de notre copain Eric, de faire accroire que j'ai accepté de passer deux nuits au camping. Par contre, je dois avouer que je ne pousse pas trop l'audace de peur de retrouver mes effets personnels et nos trois enfants sur le seuil de la porte en signe de désaccord de ma douce.
Malgré les mauvaises conditions qui semblent se dessiner, nous partons vers le Nord mais fixons comme critère qu'au moindre nuage suspect, nous revenons sur nos pas vers notre lit douillet.
Ironiquement, le plus qu'on roulait vers notre destination, le mieux était le météo si bien que rendu sur place nous n'avons pas eu le choix de monter notre tente au grand dam de ma plus ou moins tendre moitié en ce moment précis.
Les enfants par contre ne semblaient pas trop se plaindre. Ils étaient plutôt heureux de retrouver leur pote Frédéric et sa petite sœur Alice. De mon côté, Alain s’empressa de m’offrir le ciment qui allait assurer mon adhésion à demeurer contre vents et marées avec lui et Eric pour au minimum le temps de le consommer, j’ai nommé une bonne Heineken.
Néanmoins, ce qui devait arriver arriva! Une belle petite ondée venue secouer nos certitudes. Elle était insignifiante mais pour Sylvie, comme un leader négatif, elle semblait salvatrice à justifier notre fuite vers le confort de notre villa! Je dus mettre ce que j’avais abandonné depuis longtemps c’est-à-dire mes culottes pour lui faire comprendre que c’était momentané et qu’elle devait se ressaisir afin de passer un agréable séjour. Contre toute attente, cette stratégie fonctionna et la pluie cessa. Une fois les enfants couchés, nous passâmes une véritable belle soirée. Ceux qui nous avaient entrainés dans l’aventure étaient vraiment bien préparés à toute éventualité. D’ailleurs, la bâche qu’ils ont installée au-dessus du point de ralliement démontrait leur expérience en temps de crise. De plus, les soins de Sonia et Annie à préparer un spaghetti mémorable demeurera le point fort de l’aventure, avec un peu de vin bien sûr…
Bon, la soirée fût agréable mais qu’en est-il de la nuit ? Je ne peux pas dire que j’ai mal dormi puisque je n’ai pas dormi ! D’abord, comme tout bon matelas soufflé, le mien se mit rapidement à dégonfler. Me dirigeant inévitablement vers le centre du matelas tout comme un liquide impuissant dans un entonnoir, je décidai de le dégonfler complètement. Cette décision m’enleva certes un potentiel de confort mais cela valait la peine pour bénéficier de quelques heures de sommeil…
Quel mirage de ma part ! En effet, je n’avais pas compté sur le gentleman en état d’ébriété probablement très avancé qui avait décidé de sortir son bolide eunuqué du pot d’échappement afin de faire assez de bruit pour empêcher toute âme humaine, sauf les enfants, de dormir paisiblement. Le tabar... d’ost... de cali... de chi... sal... a roulé toute la nuit à grand tintamarre pour nous maintenir réveillés. J’étais tellement horripilé que je l’aurais ‘’mangassé’’ (le canarder avec des manges) sans aucun remord. Je l’ai d’ailleurs déjà fait avec des épis de maïs à la fin d’un party d’université en 1990 dans d’autres circonstances…
Le lendemain matin alors que je regardais le toit de ma tente, les enfants se réveillèrent. Je leur suggérai de dormir un peu plus longtemps car ils risquaient de réveiller les coqs mais en vain. Nous partîmes donc vers la plage prendre une marche pour ne pas réveiller ceux qui avaient réussi à s’endormir en avalant plus d’alcool que moi. Cela donna par contre un moment inoubliable de tranquillité paisible avec ceux qui sont reconnus maintenant à tort ou à raison comme étant ma progéniture.
C’est vrai qu’à prime abord je transforme l’épisode en quelque chose de pénible mais le week-end demeure inoubliable. De plus, il a apparemment plu sans arrêt à Nouméa alors que nous avons eu droit qu’à seulement quelques milliers de gouttes à Poé. Je dirais que nous avons gagné au change et que cette aventure constituera une belle initiation au camping en famille. Nous nous sommes d’ailleurs donné rendez-vous pour un prochain épisode à Thio avec nos amis s’ils acceptent nos railleries amicales…
Que de plaisir…
Touche-moi pas!
On est tu ben en camping...
On est tu ben en camping...
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